Lactose et Ballonnement

Je suis souvent ballonné... Je pense être intolérant au lactose. Est-ce vrai ? Dois-je vraiment me priver de produits laitiers ?

Problématique :

Certains patients pensent être intolérants au lactose, car ils souffrent de colopathie avec des symptômes spécifiques comme des diarrhées ou des douleurs abdominales. Effectuer un diagnostic précis est indispensable. Dans un premier temps, mettez en place une éviction des produits laitiers avec une réintroduction quelques semaines plus tard. Si les symptômes réapparaissent, confirmez votre diagnostic par le test dit de l’hydrogène expiré.

Qu’est-ce que le lactose ? :

Le lactose est le sucre du lait de tous les mammifères. Il est composé de 2 molécules : une molécule de galactose et une molécule de glucose. La lactase, enzyme présente au niveau de la paroi de l’intestin grêle, scinde le lactose en glucose et galactose (deux sucres simples qui sont absorbés).

En cas d’absence de lactase ou en cas d’activité partielle de celle-ci, le lactose n’est pas hydrolysé et parvient dans le côlon. Il est alors métabolisé par les bactéries de la flore intestinale, générant ainsi des acides gras à chaîne courte et différents gaz (tels que l’hydrogène, le méthane et le dioxyde de carbone). Ces métabolites vont provoquer des symptômes abdominaux qui accompagnent classiquement la malabsorption du lactose : distension et douleur abdominale, flatulence et diarrhée, voire céphalée et constipation.

Un point de terminologie : on parle de « malabsorption » (ou de « maldigestion ») du lactose quand une partie du lactose n’est pas scindée (= hydrolysée) dans le grêle et arrive telle quelle dans le côlon, où elle est fermentée, et d’ « intolérance au lactose » si cette malabsorption s’exprime cliniquement. La relation entre la perception subjective de l’intolérance au lactose et la réalité de la malabsorption n’est pas encore complètement élucidée : il existe des discordances, que l’on rencontre notamment chez les patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable.

 

L’activité de la lactase est maximale à la naissance puis diminue jusqu’à atteindre des valeurs très basses après le sevrage maternel chez 70 à 75% de la population mondiale, principalement chez les populations africaines, asiatiques et chez les Indiens d’Amérique. Les 25 à 30 % restants de la population qui conservent une forte activité lactasique à l’âge adulte sont dits « lactase-persistants » et sont constitués de sujets originaires d’Europe du Nord et de Nord-Américains caucasiens. En France, la prévalence des sujets « lactase non persistants » est estimée entre 10 et 30 %.

Le déficit en lactase peut également être congénitale (rarissime, décrite essentiellement en Finlande) ou secondaire à des affections lésant la bordure en brosse de la muqueuse du grêle, comme la maladie cœliaque, les gastroentérites sévères à rotavirus, ou la maladie de Crohn. Dans ce dernier cas, le déficit est souvent transitoire et réversible avec la guérison de la muqueuse.

 

En pratique courante :

 

Effectuer un diagnostic précis est indispensable. Dans un premier temps, mettez en place une éviction du lactose de l’alimentation avec une réintroduction quelques semaines plus tard. Un suivi diététique est souhaitable afin de ne pas méconnaître d’éventuelles carences nutritionnelles, notamment calcique mais aussi en vitamines (B2, D).Si les symptômes réapparaissent, confirmez votre diagnostic par le test dit de l’hydrogène expiré.

Le test respiratoire à l’hydrogène représente un outil simple et non invasif pour le diagnostic de malabsorption au lactose. Il consiste à recueillir à jeun l’air expiré puis toutes les 30 minutes après ingestion de 25–50 g de lactose (selon les auteurs) dilué dans 250–500mL d’eau, pendant une durée de 3 heures. Ce test doit être couplé au recueil des symptômes d’intolérance éventuellement provoqués.

En cas d’intolérance au lactose, le traitement repose sur l’exclusion ou la réduction du lactose de l’alimentation, traitement qui doit être réservé aux sujets symptomatiques (« intolérants »).

 

Mes conseils :

 

Si l’intolérance est avérée, la consommation de produits laitiers est possible sous certaines conditions ! Ces conseils sont à adapter en fonction de la tolérance individuelle des patients.

 

1.    Éviter de consommer du lait à jeun et en trop grande quantité.

2.    Fractionner les prises de produits laitiers et consommer d’autres aliments en même temps.

3.    Privilégier la consommation de yaourts et de fromages affinés, qui contiennent naturellement peu de lactose grâce aux bactéries lactiques présentes dans les yaourts ainsi qu’à l’égouttage et à l’affinage de ces fromages.

4.    Consommez des laits délactosés ou la prise de préparations pharmaceutiques à base de lactase, pour les patients les plus intolérants.

5.    Pensez à choisir des eaux minérales riches en calcium.

 


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